Comme tout le monde peut l'imaginer, la construction d'un si
grand ouvrage a posé plusieurs soucis pour l'environnement. En effet, le choix
du tracé ainsi que l'étude d'impact furent extrêmement long.
Ceci ce comprend facilement car le franchissement du Tarn reste une étape plus
que délicate, de toute façon, pour enjamber une aussi large vallée, la seule
solution à retenir était celle du viaduc.
Pour définir le tracé, un concours international a permis de choisir Norman FOSTER. Cet architecte a dessiné un viaduc multihaubanné reposant sur 7 piles et 2 culées. Ainsi, chaque pile supporte des "tronçons" de tablier et chaque câble relie directement le tablier et la pile concernée. Cette technique est à différencier avec celle des ponts suspendus.
Pour le cas du viaduc de Millau, il fallait construire un tablier de 2460 m
de long. De plus, pour éviter des haubans surdimensionnés, il a été
nécessaire d'envisager sept piles en béton armé, dont les deux plus hautes sont
aux deux extrémités du Tarn. La structure possède 7 piles à haubans
numérotées de P1à P7, les 2 culées, C0 et C8, sont disposées de part et
d'autres des piles.
La pile P2, la plus haute, dépasse le sol de 336,40 m; elle coiffe donc la Tour
Eiffel de 16,40 m. A ce niveau, le tablier aura pour hauteur 244,80 m
par rapport au sol. La section des piles varie de 200 m2 à la base jusqu'à
30 m2 au sommet des pylônes. Il ne faut pas oublier qu'elles sont construites
grâce à des coffrages glissant qui se lève par poussée de 4 mètres, ce qui
implique pour les équipes d'EIFFAGE une technicité hors du commun.
Pour réaliser un tel ouvrage, il a fallu disposer d'une centrale à béton sur
le chantier, ainsi les agrégats calcaires utilisés sont acheminés de la
carrière du rascalat, proche du site, appartenant au groupe SÉVIGNÉ.
La quantité totale de béton coulée pour la réalisation des travaux sera de
85.000 m3 dont 50.000 m3 de béton haute performance.
Le tablier sera en métal, plus léger que le béton et plus évident à mettre en oeuvre. Certains éléments seront préfabriqués à l'extérieur dans les usines d'Eiffel à Lauterbourg et à Fos sur mer. Le poids total du tablier représentera quand même 36.000 tonnes. Chaque pylône métallique sera haut de 90m.
A chaque extrémité du tablier, "un espace de dilatation"
de 1m est prévu afin de reprendre les efforts causés par les variations de
température. Les haubans, au niveau du tablier, seront fixés sur des caissons
métalliques. 152 caissons de 90 tonnes au maximum, dont la surface doit être
parfaite .Le viaduc sera très exposé aux sollicitations du vent : on prévoit,
à cette hauteur, une vitesse pouvant atteindre 122 à 151 km/h.
Il a été prévu à cet effet des écrans latéraux diminuant de 50% la vitesse
du vent à hauteur du tablier, ce qui correspond approximativement à la vitesse
que l'on rencontre habituellement sur le plateau du Larzac. De plus le
pont possédera un léger rayon de courbure, environ 20 km, qui aura pour
effet d'atténuer un tel effort.
Cependant, le viaduc de Millau, ouvrage de grande exception, ne
sera pas le plus grand, ni le plus haut au monde: En effet, Le Gorge
Bridge dans le Colorado franchit la vallée à 321 m de hauteur, le pont
d'Akashi Kaikyo au Japon possède lui une travée de 1990 m et le pont de
Storebelt au Danemark enjambe 6800 m de mer Baltique.
Données techniques:
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